Il reste encore des choses gravées dans la pierre…                 
…tel ce traditionnel stage de printemps à Strasbourg !

 



Comme en chaque mois de mai et chaque mois de novembre, depuis plus d’un demi-siècle déjà, une partie de la « famille Tengu » réunie autour de son Soke. Le respect de la Tradition et l’expression d’une rare fidélité, qui durent : de quoi faire envie, dans un monde où rien n’est plus gravé dans la pierre…
 

           La réussite de ces grands rassemblements des Tengu au printemps et en hiver (depuis 1964, et sans jamais aucune interruption dans cette tradition !) autour de Soke Roland Habersetzer tient autant à sa manière pragmatique d’enseigner les techniques de combat de « la main vide » qu’à son unique façon d’intégrer ces techniques dans un comportement réaliste, de terrain. Sans oublier le discours, toujours Budo, qui va avec (en revenant systématiquement sur le cadre et les limites des techniques enseignées), illustrant parfaitement et à chaque fois le « ne pas se battre, ne pas subir » que Sensei avait défini dès 1994 comme la colonne vertébrale de son Tengu-ryu Karatedo © enseigné au « Centre de Recherche Budo-Institut Tengu ».
          Ce week-end de Pentecôte 2016 ne dérogea pas à la Tradition, et le programme de ce 52e stage de printemps fut serré cette année encore (ce qui ne surprit à vrai dire personne), avec la consolidation des acquis à quoi viennent s’ajouter comme à chaque fois de nouvelles pistes de travail, le tout faisant du « Tengu-ryu » une voie vivante et sans cesse perfectionnée, jamais routinière, s’enrichissant de stage en stage. Le principe en reste toujours le même : les techniques classiques du Karaté, telles celles du Shotokan pratiquées par la plupart des stagiaires, ne sont utilisées que comme des outils d’approche et de perfectionnement de toute une philosophie de l’action en réponse à l’agression toujours possible, un type de problématique et de comportement qui reste au centre de ce qui est fait au niveau de la gestuelle (« Donnez un sens à votre technique », souligne à chaque fois le Sensei).
           
          Ceux qui purent en être, ces 14 et 15 mai sont une fois de plus repartis de Strasbourg avec un bagage plus lourd ! Pour le reste, que dire d’autre à ceux et celles qui ne purent en être cette fois ? Que ce fut aussi l’occasion de marquer le, déjà, 10e anniversaire de la nomination de Sensei Habersetzer par Shihan Ogura au Japon en avril 2006 au titre de Soke (maître-fondateur) du Tengu-ryu, avec également celui de Hanshi, 9e dan… Ce qui n’est pas rien. C’est même exceptionnel. Même si c’est aussi un rappel au temps qui passe…
           
          Et que ce 52e stage de printemps a par ailleurs, comme il avait été annoncé lors du dernier passage de grades annuel du 19 février (voir sur ce site), vu la présentation finale du travail de recherche  de Moreno SASSI (JKK Lugano) sur « Tengu-ryu, la connection sociale entre passé et futur…Pourquoi et comment », illustré avec l’aide de Mario et d’Alain, du Dojo de Lugano (Suisse). Travail validé par Soke Habersetzer qui a permis à Moreno l’accès au titre de Tashi-ho (5e Dan Tengu) en présence de ses pairs, qui l’ont chaleureusement félicité pour sa prestation et la manifestation de son engagement dans le Ryu.
 
          Avec les temps qui courent et les difficultés de chacun, ils furent encore plus de 70 à avoir rejoint de France, Belgique, Allemagne, Suisse (dont une soixantaine de Yudanshas, du 1er au 7e Dan-Tengu © !). Pour une dose de rappel technique mais aussi d’ambiance, de convivialité, de goût de l’effort sur une voie passionnante, qui sont la marque de la « famille Tengu ». Régulièrement réunie autour du choix assumé d’un art martial école de vie et de survie.
Le prochain stage (celui d’hiver, le Kan-geiko traditionnel) est annoncé les 24 et 25 novembre prochain. Rappels importants cependant : une dizaine de places seulement sont accessibles à chaque stage de Strasbourg aux non-membres de l’association CRB-IT, et jamais d’enfants (une règle depuis des années pour ce type de rencontres : sinon, on ne pourrait faire tenir tout le monde dans le dojo d’Eschau !). Et les réservations d’hôtels pourraient poser problème en ce week-end d’ouverture du Marché de Noël si touristique de Strasbourg…


  
Quelques réflexions du Soke à propos de ce séminaire….
 
          Comment ne pas penser lors de la clôture de ce 52
e stage de printemps de Strasbourg, à tant et tant d’autres stages que je menais autrefois de front hors d’Alsace, et où je me suis investi corps et âme en tant d’endroits du monde depuis 1964 (!!), et souvent à plusieurs reprises au même endroit pendant… un demi-siècle, avec l’intention et l’espoir de pouvoir y assurer un suivi constructeur. En ces temps où un « Dan » était encore un « Dan », où je n’ai jamais voulu transiger sur sa valeur, quitte à me couper du jour au lendemain avec ceux-là mêmes qui m’avaient porté aux nues sans que je n’en aie  jamais demandé autant. C’était mal me connaître, déjà… Tant de stages, et souvent dans des conditions matérielles peu évidentes : Maroc, Algérie, Norvège, Suisse, Italie, Belgique, Allemagne, Israël, Roumanie, Bulgarie, Hongrie, Russie, Ukraine, Canada, Nouvelle-Calédonie, et à travers tant de provinces françaises. D’où je revins à chaque fois avec force messages d’engagements et d’amitiés… (qui ont duré le temps que l’on avait besoin de moi). Et je dois en oublier. Combien ? Impossible à compter. Une vie (aussi) en stages… Peu importe d’ailleurs. Je ne pourrais plus jamais en parler qu’en un langage que les plus jeunes ne comprendraient même plus. Le monde a tourné, le monde a changé, beaucoup de valeurs qui faisaient partie des fondamentaux de ma génération ont été inversées. Le Budo ne peut plus être ce qu’il fut. Pas même au Japon. Il s’étouffe lui-même dans son inertie. Et quel intérêt peuvent encore avoir quelques histoires d’anciens combattants ?
          Alors, je ne veux plus me souvenir que de tous ces visages qui sont encore revenus à Strasbourg, depuis tant d’années, malgré des difficultés matérielles croissantes, étudier mon « Tengu-ryu Karatedo » lors de ce stage. Je veux oublier ces milliers d’autres qui m’avaient salué avec un enthousiasme volatile et pas mal de bruit inutile lors de tous ces autres stages à travers le monde, et qui ont ensuite souvent construit leurs vies avec ce qu’ils y avaient appris (et peu importe les anesthésies opportunes de beaucoup de ces cadres bien installés depuis dans leurs systèmes et que j’avais  passionnément formés en ces temps pionniers).
          Oui, j’ai pensé avec émotion, en regardant se disperser ma « famille Tengu » à l’issue de ce séminaire traditionnel, à l’honneur, à la droiture, à la noblesse et la fidélité qui sont les vertus des « chevaliers authentiques » des arts martiaux. Et pas seulement au temps du Japon des Samouraïs… J’ai pu les rencontrer une nouvelle fois au contact des « miens », ici, au cours de ce week-end ! Alors, respect à vous, mes amis, pour m’avoir encore fait confiance sur la route que nous nous sommes choisie il y a longtemps. D’être encore, pour nombre d’entre vous, venus de si loin.  Je souhaite qu’il nous reste à tous et à toutes encore assez de sable dans le sablier du temps pour y cheminer encore demain ! Do-raku ! Je mesure ma chance de pouvoir encore vivre tant de choses en votre compagnie dans ce monde où plus rien n’est gravé dans la pierre et où les amarres traditionnelles les plus solides rompent les unes après les autres. Bon été, et à bientôt, à notre Stage d’Hiver de novembre.

 

 

Kata classique, aussi : ici le Kanku-sho du Shotokan dirigé par Wolfgang Lang.

 


 
Application des techniques génériques du Tengu-ryu contre attaque au couteau.

Photos de Isabelle Jans

 


 
Travail avec armes improvisées sous  la direction de Siegfried Hübner et Helmut Goetz.


 

 Discours et, toujours, illustration (dynamique !) de la méthode par le Soke.

Photos de Jean-Claude Bénis


 
         

Photos de Jacques Faïeff

 

 

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